Il y a 150 ans, la Commune Femmes et combattantes

, par Eric

Bien qu’absentes des instances dirigeantes de la Commune, les femmes sont très présentes dans cette épopée. Elles sont actives dans les clubs d’expression populaire, les journaux, comme infirmières, brancardières, cantinières... Mais ces fonctions d’auxiliaires, à l’intendance, donc à l’arrière, ne plaisaient guère aux plus déterminées d’entre elles.  [1]

C’est ainsi que nombre de communardes devinrent de redoutables combattantes, comme Louise Michel (1833-1905) et bien d’autres.

Le 22mai 1871, lors du début de la Semaine sanglante, la place Blanche est défendue par cent vingt femmes, ce fut l’héroïque « barricade des femmes ».

Lors de la répression, les Versaillais ont fusillé toutes les femmes ayant des traces de poudre sur les mains.
D’ailleurs les vainqueurs les ont traitées de « pétroleuses », celles qui usent de pétrole pour allumer des incendies, « de femmes d’une conduite et d’une moralité mauvaises », ou encore « de femmes sauvages ».

Militantes pour leurs droits

La plupart des communardes étaient des ouvrières du textile, mais aussi des institutrices.
Elles vont essayer de mettre en pratique les objectifs féministes et socialistes que certaines avaient déjà théorisés avant l’insurrection.

Marie Ferré, Louise Michel et Paule Mink

Andrée Léo, Paule Mink et Louise Michel avaient ainsi fondé, dès 1866, la Société pour la revendication des droits de la femme, militant pour l’école primaire laïque pour les filles, l’égalité d’accès au travail, l’égalité civique des femmes mariées, le droit au divorce.
Moult femmes ont été des figures de la Commune :
l’oratrice des clubs Paule Mink, la combattante Louise Modestin, la romancière Andrée Léo, la cantinière Eugénie Morel, la russe marxiste Élisabeth Dmitrieff, l’anarchiste Nathalie Lemel et bien d’autres moins connues.

Les mémoires de Louise Michel

Gallimard a eu la bonne idée de republier les mémoires de Louise Michel, une des personnalités les plus connues de la Commune. Cette nouvelle édition est présentée et annotée par Claude Rétat, directrice de recherche au CNRS.
Les mémoires de celle qui était appelée en son temps (1830-1905) «  la vierge rouge  » avaient été publiées pour la première fois en 1886 aux éditions Roy, mais cette édition est désormais introuvable, ainsi que la réédition datant des années 1970.
D’où l’intérêt de cette publication sur Louise Michel, institutrice, révolutionnaire, écrivaine, féministe, anticolonialiste et bien sûr héroïne de la Commune.
Miraculeusement, elle échappe au peloton d’exécution, parce que c’est une femme.
Mais arrêtée, elle est déportée en Nouvelle-Calédonie où elle va se lier avec le peuple kanak.
Libérée en 1880, elle rentre à Paris puis s’installe à Londres dix ans plus tard.
Militante et conférencière, elle a aussi écrit des romans, de la poésie, des pièces de théâtre, des contes et bien sûr ses mémoires.
« Louise Michel. Mémoires, 1886 », éditions Gallimard, col. Folio, histoire, Paris, 2021, 576pages, 9,70euros


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