25ème Congrés de l’UD 58 (Rapport Moral)

, par Eric

Retrouvez l’intégralité du Rapport Moral du 25ème congrès de l’UD58 qui s’est tenu à Magny-Cours le 27 novembre 2021.

Retrouvez l’intégralité du Rapport Moral du 25ème congrès de l’UD58 qui s’est tenu à Magny-Cours le 27 novembre 2021 en PDF :

Voici quelques extraits :

...En 2020, nos militant(e)s ont été mis à rude épreuve tant dans les luttes contre l’attaque en règle nos droits à bénéficier d’une retraite digne, ou encore dans la tenue de négociations périlleuses et nombreuses dans chaque entreprise. Dans la confusion du confinement le cadre de travail a été fortement modifié : avec la mise en œuvre du chômage partiel, du télétravail, des gestes barrières, de la distanciation sanitaire, et autres réunions CSE en visio-conférence, etc...

...Une vision purement dogmatique du néolibéralisme va s’abattre sur les droits sociaux ! Le « dialogue social » s’est très vite transformé en monologue libéral ! D’un côté, la compétitivité à tout prix, de l’autre l’austérité budgétaire issue d’une pure orthodoxie économique libérale où le monde est un marché, chaque Etat une entreprise, chaque citoyen un auto entrepreneur et dont le Président de la République devient le PDG ! Comme il ne peut licencier les citoyens, il organise un véritable plan social sur leurs droits ! Quitte à instituer une perpétuelle concurrence tout au long des parcours professionnels, où chaque travailleur est responsable de sa propre réussite ou de son propre échec. A chacun de se débrouiller seul, sans solidarité ouvrière, pour s’en sortir !...

...Cette politique au bénéfice des 10% des plus aisés engendre une pluie de contre réformes sociales, des dégradations sans précédent de la situation des travailleurs, qu’ils soient du secteur privé, du secteur public, retraités ou chômeurs... une remise en cause brutale et sans concession des droits du travail. Cette évolution ne doit pas pour autant être considérée comme inéluctable. Elle laisse, certes, à chacun d’entre nous un sentiment de dégoût, pour ne pas dire plus, contre l’injustice sociale et dans ce contexte, il devient compliqué d’assumer ses engagements syndicaux. Surtout depuis les ordonnances Macron qui ont réduit le nombre d’instances d’IRP en les fusionnant, le nombre d’heures de délégations, supprimé le CHSCT et augmenté de façon exponentielle les missions des militants...

...Et cela perdure, les « tenants » de cette « religion » économique sont persuadés que les contres réformes menées n’ont pas encore été menées avec suffisamment de vigueur, ce qui a eu pour conséquence de limiter « les bénéfices tant attendus ! » Cette politique est des plus dangereuse, tant socialement qu’économiquement et démocratiquement...

...Et les salariés, malgré le doute, la peur du lendemain, la menace de licenciement, la précarité, doivent prendre conscience de la nécessité de s’organiser et de se syndiquer Force Ouvrière. Tout cela nous invite à l’action, à nous mobiliser et à nous organiser pour faire entendre notre voix, nos positions et nos revendications, défendre nos intérêts matériels et moraux. La classe ouvrière doit définir librement ses revendications et décider des moyens d’actions pour les faire aboutir ; les manifestations du samedi (jaunes, noires ou blanches) ne sont pas assises sur une conscience collective de classe sociale et sont vouées à l’échec ! Ces moyens d’actions se doivent d’être menés concomitamment dans l’entreprise et sur la voie publique. Depuis que les luttes sociales existent, les seules gagnantes sont celles qui impactent l’économie, et la création de richesses produites à partir de l’entreprise !...

...Un point important qui impactera notre fonctionnement à venir et notre trésorerie, de par la volonté inique du Maire de Nevers de la remise en cause de notre hébergement par la municipalité de la ville de Nevers. Ce dernier a décidé de vendre notre Bourse du Travail à un investisseur immobilier pour la transformer en un complexe hôtelier de luxe avec restaurant panoramique. Notre Bourse du travail a été construite avec des fonds de reconstruction de dégâts de guerre versé par l’Allemagne et alloué à la ville de Nevers en 1961. La municipalité de cette époque, avait reconnu l’importance d’octroyer un hébergement gratuit aux syndicats. D’ailleurs, il est bon de rappeler que notre Bourse du travail fut le premier bâtiment construit sur ce qui allait devenir le Boulevard Pierre de Coubertin. Puis fut construit la Maison des sports et la Maison de la culture. C’était reconnaître la primauté de l’émancipation des travailleurs par la construction d’un bâtiment où ils pouvaient se regrouper pour se défendre contre l’arbitraire patronal, un bâtiment pour pouvoir pratiquer le sport à un coût raisonnable dans l’esprit de Pierre de Coubertin et une maison de la Culture publique dans l’esprit d’André Malraux afin que la classe ouvrière puisse aussi s’émanciper par un accès à la culture à moindre coût. C’est l’esprit même du conseil de la résistance qui est représenté par ces trois bâtiments publics. Le faux semblant de la modernité libérale individualiste veut balayer d’un coup la véritable modernité collective et sociale !...

...C’est notre UD qui a pris l’initiative de crée une intersyndicale afin de faire pression sur le premier magistrat de la ville de Nevers afin que notre relogement et la gratuité dont nous bénéficions aujourd’hui nous soient toujours assurés ! Malheureusement, pour l’instant, le maire communique peu sur ce dossier, et les seules réponses que nous avons eues se résument à un « démerdez-vous » ! Une attaque de plus à la liberté syndicale ! Dans la « macronie » décomplexée, tout doit être « marchandisé », même les droits des travailleurs !...

...Durant ces quatre dernières années, les sujets n’ont pas manqués et ont fait l’objet de multiples mobilisations, car à FO il est inscrit dans notre ADN, que nous n’hésitons pas à nous mobiliser pour défendre les intérêts des travailleurs du secteur public comme du secteur privé, des retraités et des privés d’emplois. Nous avons toujours combattu l’austérité budgétaire punitive, dénoncé ses impacts négatifs et ses régressions induites : Chômage de masse, précarité et paupérisation des travailleurs. Mes chers camarades, ce rapport d’activité est l’occasion de retracer les revendications, les positions et les actions menées par notre Union Départementale. La liste est longue et il est difficile de tout faire figurer dans ce rapport. Depuis le dernier congrès, nous vivons une période dense et complexe. Dense en termes d’actions syndicales et complexe du fait que sur ces quatre années de mandature nous sommes depuis pratiquement deux ans sous la contrainte d’un état d’urgence sanitaire qui restreint nos libertés individuelles, nos libertés syndicales, et modifie de façon profonde nos activités professionnelles. Lorsque les vannes de distribution d’argent public et de la Sécurité Sociale vont se tarir, la dégradation de la situation économique aura pour conséquence un véritable tsunami sur emplois Il y aura forcément une explosion de faillites et dépôts de bilan et intrinsèquement une vague de licenciement sans précédent...

...Les réformes, ou plus tôt les contre-réformes, se sont succédées et ont multiplié les mécontentements et les conflits sociaux.. Il est indéniable que certains s’enrichissent sur le dos des travailleurs et des plus démunis, force est de constater que les disparités tant sociales qu’économiques se sont accrues. Les 10% des plus riches ont augmenté leur capital pendant cette crise, alors que les 10% des plus pauvres ont encore dégringolé plus-bas !...

...Il y a indéniablement un lien direct entre l’appauvrissement des classes populaires et les records de bénéfice engendrés par les grosses multinationales et les dividendes reversés à leurs actionnaires : c’est l’exploitation des uns qui augmente la fortune des autres ! » le ruissellement » inversé en quelque sorte.... Un système qui précarise, détruit des emplois, gèle les salaires, voire les baisse avec les accords de compétitivité et qui permet à une minorité de pomper les plus-values au détriment de ceux qui les produisent. Pour le fonctionnement de l’Etat, réduire la fonction publique aux trois piliers régaliens (Police, Justice, Armée), afin de protéger les institutions politiques nécessaires à la garantie des privilèges des plus riches. Le reste peut être bradé aux marchés financiers !...

...Alors qu’aujourd’hui, cet endettement n’est que le cumul des intérêts dû au marché financier, et sert de prétexte à nous pressurer et à nous culpabiliser ! Si le déficit à tendance à s’accroître chaque année, c’est dû à des choix politiques qui accordent réductions massives d’impôts et niches fiscales démesurées aux plus riches et aux entreprises sans contrepartie. Ces niches ont un coût exorbitant, plus de 14 milliards d’Euro. De plus, il existe plusieurs centaines d’aides différentes qui sont offertes aux entreprises, dont le fumeux CICE, devenu pérenne par une réduction de cotisation patronale au détriment de la CAF, qui est de l’ordre de 20 milliards annuel ! Toutes les aides confondues accordées aux entreprises dépassent annuellement les 110 milliards sans contrepartie et sans véritable contrôle ! C’est l’équivalent de plus de 4 580 000 salariés au SMIC (cotisations patronales incluses) offert gratuitement aux entreprises par l’Etat, soit près de 7 milliards 360 millions d’heures de travail dont le patronat profite ainsi gratuitement ! C’est purement scandaleux au regard des services publics qui sont financièrement exsangues ! Doublement scandaleux lorsque l’on connaît les déficits de la Sécurité Sociale ! Triplement scandaleux lorsque notre système de retraites est incessamment sous le joug d’une démolition en règle ! Quadruplement scandaleux lorsque les déficits publics servent de prétexte à réduire nos droits sociaux les plus élémentaires ! Et c’est le financement de notre Sécurité Sociale, de notre salaire différé, et de la Fonction Publique qui en pâtît, donc le bien commun ! Comme disait Marc Blondel, le patronat à la science de privatiser les profits et de socialiser les pertes !...

...D’ailleurs à ce titre, le deuxième poste de dépense de la CAF 58 est la prime d’activité, celle versée aux salariés exerçant une activité professionnelle avec un lien de subordination mais recevant en contrepartie un salaire indécent ! En 2020, dans notre département plus de 28 600 000 Euro ont été servis par la branche famille de la Sécurité Sociale pour compenser des salaires trop bas versés par le patronat. Il est inadmissible que ce soit la Sécurité Sociale qui vienne se substituer aux employeurs en terme de versement de salaires, ce qui a pour conséquence d’améliorer les bénéfices des entreprises, et de piéger les salariés dans des trappes à bas salaires. Ce qui est tout aussi contestable, c’est que le versement de cette prime leur enlèvera toutes velléités de revendiquer ou de lutter syndicalement ! Au surplus, on étrangle encore davantage le financement de la Sécurité sociale en baissant ainsi les cotisations tant salariales que patronales et cela ampute d’autant notre salaire différé !...

...Ce gouvernement, fidèle à ses principes libéraux, en remet une couche en voulant nous imposer un système de retraite par points qui a pour objectif de liquider 42 régimes spéciaux et l’âge légal de départ en retraite. Derrière un affichage faussement égalitaire, se profile l’opportunité de faire imploser l’ensemble des paramètres actuels afin de supprimer l’âge de départ en retraite et ainsi supprimer toute notion de durée de cotisation. Il ne resterait que des points à acquérir individuellement tout au long de sa vie. Aujourd’hui un trimestre travaillé compte pour sa retraite, demain, si cette contre-réforme passe, chaque journée non travaillée sera sanctionnée par autant de points en moins et autant de jours à travailler en plus ! Ce système transformera la carrière de chacun en une véritable course contre la montre, où un simple passage de relais entre génération, se substituera un marathon personnel sans fin : « la retraite par points, c’est le retraite sans fin ou la retraite des morts » !...

...Si l’on regarde la loi santé 2022, c’est un plan de 1,5 milliard d’économies obtenues en supprimant des lits, des services, en réorganisant à tour de bras, alors que les personnels hospitaliers sont complètements débordés. La crise sanitaire a certes rebattu les cartes, et le gouvernement s’est retrouvé dans l’obligation d’accepter la négociation dans la cadre du Ségur, où le personnel a obtenu 183 euros bruts mensuels ; mais dans le même temps ce sont 5700 lits hospitaliers qui ont été fermés. Mes chers camarades, il est toujours bon de se rappeler que notre service public est basé sur des besoins individuels et collectifs s’inscrivant dans un principe d’égalité de droit pour tous et notamment les plus démunis. Il en demeure pas moins que nos camarades de l’Etat ou de la territoriale n’ont pas eu droit à la même reconnaissance. Ce qui prime pour notre gouvernement c’est diviser pour mieux régner ! A l’heure ou ces lignes sont écrites, ce gouvernement vient de trouver une nouvelle astuce pour diviser la classe ouvrière avec l’instauration abrupte du Pass Sanitaire. On a connu la propagande relayée des avantages des fonctionnaires contre les salariés du privé, les chômeurs profiteurs contre les actifs, les nantis de retraités contre les intérêts des jeunes, et maintenant les vaccinés contre les non vaccinés ! Nous devons rester imperméables à ce genre de stratégie électoraliste ! Un virus qui développe une peur irrationnelle parmi la population, et le tour est joué ! Là encore, la théorie du choc a fonctionné à merveille pour restreindre libertés collectives, et légaliser une nouvelle sanction perpétuelle et sans lien à une faute professionnelle : Interdiction de travailler, interdiction de percevoir un salaire, et interdiction de percevoir le chômage partiel ! Le Pass Sanitaire est ainsi devenu en quelque sorte un permis donnant le droit de travailler ! Ce qui s’apparente à ce qui existe pour les Mingong en Chine populaire !!! Mes camarades, en tant que syndicalistes républicains nous ne pouvons accepter une telle ségrégation, on ne peut pas plus accepter que l’égalité d’accès aux soins soit remise en cause au travers de ce pass sanitaire ! Nous devons dénoncer que l’accès aux spécialistes dans un hôpital public soit régit sur un supposé état en bonne santé !...

...Mes chers camarades, les reculs sociaux ne se négocient pas, ils se combattent ! Il faut refuser de basculer dans un monde sans droits, sans règle, sans statuts, sans protections. Liberté, Egalité, Fraternité Laïcité, Solidarité : plus que jamais ces valeurs doivent structurer notre société et nos revendications ! Nous allons donc continuer à résister coûte que coûte, à revendiquer librement et avec détermination, seul moyens de conquérir de nouveaux droits ! Le syndicalisme FO, à travers nos revendications se doit d’être offensif, car la meilleure défense, mes camarades c’est d’être conquérant et porteur d’espoir ! Nous devons revendiquer des idées sociales nouvelles sans aucuns complexes ! Nous devons être fiers des droits sociaux qu’ont su construire nos anciens, et nous devons être fiers de ceux que l’on va construire ensemble ! Notre devoir est de porter collectivement nos revendications sociales face aux politiques ultralibérales...