Il n’existe pas de véritable liberté syndicale sans bourse du travail !

, par Eric

La Bourse du travail de Nevers est un bâtiment municipal particulier, car c’est un lieu de solidarité ouvrière.

Aujourd’hui, c’est le bâtiment situé au 2 bis boulevard Pierre de Coubertin, dans lequel on sait trouver les syndicats.

Depuis 4 ans

L’exécutif de Nevers, en premier chef Monsieur le Maire, a la volonté de retirer l’usage de ces locaux aux syndicats.

Certes, il leur est proposé une relocalisation mais dont les modalités sont quelques peu floues !

Et lorsqu’il existe une volonté de flou, intrinsèquement il y a un loup... en embuscade !!!!

Ce Bâtiment a une histoire, fruit des luttes des salariés nivernais depuis 136 ans. A nous salariés d’aujourd’hui d’en écrire son présent et d’œuvrer à son avenir.

La Bourse du Travail

La loi de 1884 autorisant les syndicats ne leur permet pas de devenir propriétaires d’immeubles. D’où le recours aux municipalités pour qu’elles mettent des locaux à disposition a titre gracieux ainsi que des subventions.
La première Bourse du Travail de Nevers est inaugurée le 1er septembre 1895, au 3 place Chaméane.

A l’origine, la Bourse du Travail est un espace d’organisation collective destiné à la recherche du travail et à l’entraide.
Les ouvriers investissent la Bourse du Travail afin d’agir ensemble pour des salaires et la création de bureaux de placement contrôlés par les ouvriers.
La Bourse du Travail dispense également de la formation professionnelle aux ouvriers.
Ainsi, elle permet de renseigner et de structurer les travailleurs afin qu’ils puissent solidairement améliorer leurs salaires et conditions de travail.

Après la seconde guerre mondiale, la ville de Nevers constitua un dossier en dommages de guerre. La ville devenait titulaire d’une créance d’indemnités de l’état.
Les organisations syndicales de l’époque imposèrent de reconstruire un édifice permettant aux syndicats de retrouver ce qu’ils avaient perdu lors des bombardements alliés.

Il fallut attendre le début de 1960 pour que le conseil municipal décide de réaliser entre le quai et la levée de Loire un complexe architectural réunissant Bourse du Travail, Maison de la Culture et Maison des sports, unissant tout ce qui concerne « le Travail et les Loisirs de l’Homme », selon les propos du Maire de l’époque Mr Ramey, Gaulliste, reprenant ainsi les valeurs humanistes défendu par les résistants qui constituaient le groupe de rédacteur du Conseil National de la Résistance.

Le bâtiment de la Bourse du Travail fut le premier construit.
Sa conception sur 7 étages, plus un sous-sol permettait aux organisations de se partager près de 2000m², dont une grande salle de réunion au 7ème étage.
Son coût fut estimé à 100 millions d’anciens francs.
Il fut inauguré le 1er mai 1964, il y a donc 60 ans, jours pour jours avec ce 1° mai 2024.
CGT, CFTC, FO et FEN y emménagèrent, ainsi que quelques associations (mutilés du travail, retraités…).
A partir de ce moment, la Bourse du Travail devint le siège des Unions Départementales syndicales de la Nièvre

Ces dernières années, une pression s’accentue dans plusieurs villes pour une reprise des locaux occupés par les Bourses du Travail, notamment à des fins immobilières et spéculatives, comme à Nevers.

Cette volonté politique, quelque peu poujadiste, s’inscrit dans un mouvement national renaissant dans lequel l’anti-syndicalisme prime !

En effet, nombre de partis politique et d’organisations patronales ne cessent de vouloir réduire à sa plus simple expression la représentation des salariés dans les entreprises, de diminuer leurs droits de s’organiser librement ou de désigner leurs représentants, de restreindre drastiquement leur droit de grève...

Cette liste est loin d’être exhaustive malheureusement.

Bien souvent, le pouvoir exécutif utilise l’arsenal policier et judiciaire pour essayer de bâillonner voire menacer les actions militantes en les interdisant, de condamner financièrement les militants, de discréditer les revendications des salariés au motif qu’elles sèmeraient le désordre !

Contester l’ordre économique capitaliste établit est donc considéré par ces esprits liberticides comme un trouble à l’ordre public !

Contester une injustice, revendiquer des améliorations, lutter contre toutes sortes de soumissions, ce n’est pas semer le désordre, non, c’est tout simplement un devoir républicain !

Pourtant lorsqu’il s’agit d’actions patronales, les pouvoirs exécutifs, quel qu’en soit la couleur politique d’ailleurs brillent de complaisance parfois frôlant l’absurdité !

Lorsqu’il s’agit d’exécuter les injonctions dictées par le libéralisme, la main forte et autoritaire du pouvoir politique frappe volontiers les syndicats, seuls garant de la défense des intérêts moraux et économiques des salariés.

Cette idéologie « nauséabonde » prégnante, a aussi malheureusement infecté l’esprit de l’exécutif de la ville de Nevers !

Remettre en cause les Bourses du Travail, remettre en cause les locaux syndicaux, c’est inévitablement remettre en cause le désir de solidarité, remettre en cause cette soif salvatrice de liberté, c’est aussi attaquer sournoisement la liberté syndicale, remettre aussi en cause l’idéale d’une République sociale et in fine remettre en cause un pan entier de la démocratie !