Inflation, Pouvoir d’Achat, SMIC La baisse du coût du travail reste une obsession

, par Eric

La baisse du coût du travail reste une obsession : Une coûteuse politique d’exonération de cotisations sociales

La véritable petite histoire (actuelle) entre inflation, pouvoir d’achat, hausse du SMIC et des salaires, le partage de la richesse produite et du coût de l’inflation entre classe dominante et ouvrière. (partie 2/6)

Depuis la crise financière de 2008, nous assistons à une forte modération salariale, le SMIC n’a pas été épargné, bien au contraire :
au cours des dix dernières années, le pouvoir d’achat des salariés au SMIC a augmenté de moins de 4%, (0,4% par an !) alors qu’il augmentait de 16% lors de la décennie 2001-2011.

On y voit là les conséquences directes d’un compromis politique et technocratique sur la nécessité d’abaisser le coût de la main d’œuvre.
Ce sont aussi les recommandations des théories économiques héritées du XIX ème siècle et reprises par le « groupe d’experts SMIC »
, selon lesquelles le niveau du SMIC serait un obstacle au plein emploi.
Plusieurs arguments sont avancés :
tout d’abord disent-ils, le « coût du travail » non qualifié serait supérieur à ce qu’il rapporte (ce que les économistes appellent « la productivité marginale du travail »).

Le niveau du SMIC entrainerait également une baisse de la demande de travail non qualifié, ce qui aurait pour effet de remplacer des travailleurs par des machines.

Enfin le niveau du SMIC pourrait être à l’origine du déficit commercial, puisque le coût élevé du travail rend les entreprises françaises moins compétitives que leurs concurrentes étrangères.

En France, la diminution du coût du travail au niveau du SMIC est donc devenue un pilier des politiques de l’emploi.
Elle est passée par une limitation du « coup de pouce » et par la réduction massive des cotisations sociales (exonérations de cotisations sociales, allègements généraux, exonérations ciblées et exemption d’assiette).
Cette dernière a impliqué une baisse de près de 40 points du taux de cotisation au niveau du SMIC depuis 1980, de sorte qu’en 2019, le taux de cotisations employeurs au niveau du SMIC ne représentait plus que 3,7 % du salaire brut.

Si le SMIC net est relativement élevé en France par rapport aux autres pays de l’OCDE, le « coût du travail » pour l’employeur a lui considérablement diminué du fait de ces exonérations massives de cotisations sociales ciblées au niveau du SMIC.

L’UD Force Ouvrière s’oppose à cette politique de baisse du « coût du travail » qui remet en cause une part du salaire dit « différé ».

Concrètement, les exonérations de cotisations sociales ont rendu le financement de la sécurité sociale particulièrement illisible, instable et injuste.
Elles se sont traduites par une fiscalisation du salaire différé à travers la compensation de ces exonérations.

Les conséquences pour les finances publiques et la sécurité sociale sont lourdes :
augmentation des impôts indirects, économies réalisées sur le budget de l’État (réduction de périmètre, dégradation de la qualité des services publics, gel du point d’indice, suppression d’emplois publics), sur la sécurité sociale (ONDAM) et un creusement de l’endettement public.

Les effets sur l’emploi semblent quant à eux difficiles à évaluer et pour le moins assez faibles.
Ainsi, les rapports de France Stratégie sur les effets du CICE avancent la création nette de 100 000 à 160 000 emplois au mieux.
Les études menées par le LIEPP ne trouvent quant à elles aucun effet significatif du CICE sur l’emploi...
Au-delà de la bataille de chiffres, ces politiques d’exonérations n’ont de toute évidence pas permis de résorber le chômage de masse en France.

Au vu de leur efficacité incertaine, il est indispensable de s’interroger objectivement sur leur bilan. En parallèle, L’UD Force Ouvrière est également favorable à un renforcement des contrôles, des conditions et des sanctions associées à ces aides.

Plus généralement, la question des effets négatifs du SMIC sur l’emploi est loin de faire consensus.
Au début des années 90, des études ont réfuté cette hypothèse, montrant que l’emploi ne diminuait pas suite à une augmentation du salaire minimum aux États-Unis.

D’autres études empiriques récentes menées au Royaume Uni, en Allemagne ou encore sur l’ensemble des pays de l’OCDE ne conduisent pas non plus à la conclusion que l’augmentation du salaire minimum s’accompagne de pertes d’emplois.

Il est enfin contradictoire d’invoquer d’un côté le niveau trop élevé du SMIC au regard de la productivité des salariés, c’est-à-dire au regard de leurs contributions à la production, et d’un autre côté reconnaitre la nature essentielle de leurs activités.

On voit mal comment une augmentation du SMIC pourrait détruire des emplois essentiels à la vie en société !
Au contraire, plusieurs secteurs économiques comme l’hôtellerie-restauration, le bâtiment, la logistique et la santé peinent à recruter du fait d’un manque d’attractivité, de faibles rémunérations et de mauvaises conditions de travail.

La logique s’inverse donc ici puisque l’augmentation du salaire minimum permettrait de rendre attractif un ensemble de métiers en tension.


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