Inflation, Pouvoir d’Achat, SMIC Entre classe dominante et Ouvrière

, par Eric

La véritable petite histoire (actuelle) entre inflation, pouvoir d’achat, hausse du SMIC et des salaires, le partage de la richesse produite et du coût de l’inflation entre classe dominante et ouvrière. (partie 3/6)

Selon le groupe d’experts SMIC, la pauvreté est due à la précarité de l’emploi et aux temps partiels, c’est pourquoi il préconise la revalorisation de la prime d’activité, jugée plus efficace que le SMIC, car elle cible davantage les ménages sous le seuil de pauvreté.

Précisons tout de même que la pauvreté s’apprécie au niveau du ménage, alors que travailler est une situation individuelle.
Par exemple, une personne qui travaille pour un SMIC à temps partiel, ne sera pas considérée comme « pauvre » si elle ne fait pas partie d’un ménage pauvre.

Ainsi, on estime qu’un peu moins de la moitié des salariés au SMIC ne sont pas éligibles à la prime d’activité.
Il est dès lors tautologique d’affirmer que la prime d’activité, qui n’est distribuée qu’aux personnes « pauvres », réduit davantage la pauvreté qu’une augmentation du SMIC, qui ne concerne pas seulement des ménages pauvres.

Sur le fond, l’UD Force Ouvrière rappelle que la lutte contre la pauvreté est de l’ordre de la solidarité, rôle assuré par les prestations d’assistance et de la redistribution des richesses produites par les salariés.

Le SMIC et la prime d’activité ne doivent donc pas être confondus

puisque le salaire reconnait le travailleur comme un producteur de valeur économique.

La prime d’activité est une allocation sous condition de ressources et attribuée seulement aux personnes qui fournissent un minimum d’heures de travail par semaine.

L’UD Force Ouvrière a maintes fois souligné les dangers de ce type de mécanisme :

> risques de substituer la prime au salaire, risque d’institutionnaliser le travail à temps partiel et précaire en le subventionnant et donc risque de contribuer à l’apparition de nouvelles formes de pauvreté.
Or, le groupe d’experts ne propose rien contre le développement du travail en contrat court, à temps partiel, à horaires fractionnés.
Il ne propose rien non plus contre la sous-traitance et la prolifération du travail indépendant.

> Au contraire, le groupe d’experts a défendu les exonérations de cotisations sociales et défend maintenant la logique des primes. En effet, à partir du moment où les exonérations sont maximales au niveau du SMIC, il ne s’agit pas de remettre en cause le postulat de départ mais d’aller encore plus loin !

> Il faut en conclure qu’il est nécessaire d’abaisser encore davantage le coût du travail, ce qui revient à abaisser le salaire direct et à compenser cette baisse par une forme d’impôt négatif.

Par conséquent, ces deux politiques constituent les deux faces d’une même stratégie visant à remettre en cause le salaire direct et le salaire différé.
Elles créent toutes deux un mécanisme pervers qui tend à contenir les progressions de salaires en subventionnant le travail précaire et les bas salaires.

L’UD Force Ouvrière maintient qu’il est vain — pour ne pas dire contradictoire — de vouloir lutter activement contre la pauvreté tout en ignorant les effets pervers des politiques défendues par le groupe d’experts.

Le SMIC doit permettre ainsi de valoriser le travail et reconnaitre son utilité sociale tout en assurant un niveau de vie minimum aux salariés et à leur famille.

Il doit permettre de limiter la concurrence des entreprises par les bas salaires et de lutter contre les inégalités salariales (notamment entre les hommes et les femmes) en agissant sur la répartition primaire du revenu.

Pour l’UD Force Ouvrière, le SMIC et l’ensemble des salaires ont donc une fonction sociale plus générale qui doit permettre aux travailleurs d’accéder à un salaire décent, condition de l’émancipation et de la participation à la vie sociale et culturelle.


La baisse du coût du travail reste une obsession 2) <- -> 4) Un Partage de la Valeur centré sur des Primes Ponctuelles, Défiscalisées et Désocialisées